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Déclaration de Sud éducation Manche lors du CSA du 25 mars 2024

jeudi 28 mars 2024, par Sud Education Manche

Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Service de l’Éducation Nationale ou service du tri social !?
Publiés les 17 et 18 mars dernier, le décret et les textes d’application sur le choc des
savoirs mettent à mal le collège unique en établissant le tri des élèves comme norme de fonctionnement. Dans la continuité d’Oudéa Castéra, mais avec une légère édulcoration sémantique, la ministre actuelle choisit de parler de « groupes de besoins » plutôt que de « groupes de niveau », mais cela ne trompe personne !!!

Alors qu’aujourd’hui, les collégiens appartiennent à une classe de référence avec pour accompagnement des dispositifs selon les besoins, à la rentrée prochaine les classes de référence seront une simple éventualité ponctuelle. En effet, celles-ci pourront être reconstituées mais uniquement "par dérogation" et ce pour une période fractionnable allant de une à dix semaines dans l’année… marquant ainsi la fin du collège unique.

Aussi, dans ses campagnes médiatiques, le ministère prône la nécessité d’être ambitieux dans le choix des études des élèves. Il se gargarise de la création de classes prépa en lycée regroupant les élèves n’ayant pas obtenu le brevet des collèges. Autant vous dire que les familles les plus démunies seront en difficultés pour financer cette année supplémentaire loin du domicile (un voire deux établissements par département !?).

Ce dispositif vise à restreindre la poursuite de la scolarité de ces élèves après la fin de la scolarité obligatoire. Nous nous retrouverons alors avec un collège à plusieurs vitesses qui débouchera sur un lycée qui sélectionnera à son tour grâce à la réussite ou pas au brevet. Et in fine, Parcoursup sera en tout état de cause le dernier filtre de ce tri.

A cela s’ajoute la suppression de la technologie au collège et la réforme de l’apprentissage et celle des lycées professionnels, qui ne sont rien d’autre que des stratégies politiques de tri des élèves selon leur niveau scolaire corrélées à leur origine sociale.

Ces politiques détruisent le sens de notre métier, à savoir la progression de tous les élèves dans une culture commune, émancipatrice pour tous. Cette mise en place des groupes de niveaux/besoins est une remise en cause brutale du métier et de l’expertise de celles et ceux qui œuvrent au quotidien au service public d’enseignement. Les équipes doivent se concerter et ce sans temps dédié à ce travail ; elles doivent évaluer les besoins sans en connaître les critères ;
elles doivent faire progresser les élèves de la même manière tout en étant au plus près des besoins de chaque élève avec l’illusion qu’il sera possible d’avancer à la même vitesse. En résumé, faites l’impossible et de préférence sans moyens !!! Face à cette injonction, la réaction de l’enseignement catholique n’a pas tardé à annoncer son refus d’appliquer les textes. Qu’à cela ne tienne, pour ce gouvernement, le choix est clair : comme d’habitude, pour l’enseignement catholique la liberté d’organisation au service d’un public privilégié, pour l’école publique, l’application de la loi.

Pour Sud Éducation, ces annonces conservatrices tels que les poncifs sur le
redoublement, les « fondamentaux », le port de l’uniforme, l’« autorité », le détournement de la laïcité, le SNU et autres facéties de la même veine, sont autant d’éléments de communication visant à flatter la partie de l’opinion la plus réactionnaire sur l’école et les fantasmes éducatifs les plus improbables de l’extrême-droite. Aussi, l’autoritarisme maladif affiché par les successifs
ministres à la tête de l’Éducation Nationale atteste le mépris institutionnel envers la communauté éducative tout en condamnant à assignation sociale un grand nombre d’élèves. Alors que le gouvernement communique sans relâche sur la priorité donnée à l’Éducation Nationale, ses choix témoignent sans équivoque non pas de son investissement mais de son désengagement à l’image de la décentralisation de la médecine scolaire, compétence transférée de l’État aux collectivités locales. Quel aveu !!!